L'art comme mode de perception et d'expression (Anton. S)

Un jour je déambulais dans une exposition d'art brut avec des amis, et arriva le moment où un guide vint nous donner des informations sur l'artiste exposé. 

-" C'est un interne d'asile psychiatrique. Il a passé sa vie enfermé à peindre ses toiles. Ces créateurs je les appelle -les artistes malgré eux- , ils ont besoin de créer de façon compulsive "

À quoi j'ajoutais -" Oui, les vrais artistes en sommes"

Et lui de clore la conversation -" Non, pas vraiment, on ne peut pas dire qu'il y ait une vraie recherche technique dans leurs approches." 

Et c'est là où réside à mon sens toute l'erreur de la définition de l'artiste, qui est caractérisée avant tout par le choix d'un simple cheminement technique. Comme s'il était possible de choisir "d'être" artiste ! On ne peut nier toutes les causes qui nous poussent à emprunter une voie entre toutes les voies. Et pourtant, sans rejeter une certaine forme de choix existant, il faut noter une prédisposition dans l'individu lui-même. 

Tout art abordé sous un autre aspect que le besoin d'expression pure n'en est tout simplement pas un. Et il ne s'agit pas là de provocation, mais plutôt de sens logique : quel serait sinon le but premier de l'art ? Ce qui pousse un individu à passer un moment de sa vie, ou bien même sa vie entière dans la voie artistique, ne peut être que dans ce sens une nécessité à exprimer quelque chose qui ne pourrait être représenté autrement. Il s'agit donc d'une condition dans l'être, et pour faire clair, c'est cela que j'appelle être artiste. 

Et il n’est pas question ici de développer une théorie de l'artiste inné, mais bien de pointer les prédispositions nécessaires dans le choix de la pratique de ce mode de perception et d'expression qu'est l'art. À son origine il y a un isolement produit par une perception du réel non pensé. L'intuition artistique est quelque chose qui dépasse la compréhension logique, et la possibilité d'utiliser le langage ordinaire comme moyen d'expression. La traduction de l'intuition par ce biais ne pourrait être que tronquée, et même, tout simplement d'un autre type. Une perception du réel sans forme ne pourrait être réduite à un simple raisonnement logique. On ne peut jamais parler de l'art directement dans son essence, on ne fait que tourner autour et tenter de le cerner. La pensée, ou la philosophie au sens large, est également un mode de perception et d'expression, possédant ses mécaniques propres qui diffèrent de celles de l'art. Une approche logique peut éclairer la nature de l'art mais uniquement par le biais de son prisme. 

De fait, tout ressentis intérieur indicible ordinairement devient un isolant pour l'individu, pour ainsi dire il le recouvre de silence. Et voilà que celui qui, frappé de ces intuitions, est frappé du même coup de solitude. Sa perception du réel à travers ces intuitions est si riche que le langage courant en devient trop pauvre pour la traduire. Il lui faut maintenant trouver un vecteur qui permette de restaurer la communication entre lui et la communauté. Et c'est donc là qu'intervient la voie artistique. Voie qui n’est rien d’autre que la recherche d'un nouveau langage qui rentrera en résonance avec lesdites intuitions. En clair : le développement d'une technique qui puisse donner une forme à l'intuition première qui n'en possède pas. 

Le choix d'un tel cheminement intervient donc dans un second temps, par besoin de réduire autant que possible la solitude créée par une perception particulière du monde. L'intuition artistique précède clairement l'apprentissage de la technique, qui elle, servira à la traduire dans un second temps. Le développement d'une forme d'expression (ou technique) s'acquière par le désir, c'est un fait. Mais l'expression en elle-même est un besoin pour l'artiste. L'enjeu n'est rien d'autre que de trouver un moyen de sortir de sa propre prison de silence. Si la seule maîtrise technique ne fait pas l'artiste, elle peut tout de même être qualifiée de véhicule nécessaire à sa démarche.

S'il y a perception singulière du monde, il faut par extension un langage singulier pour traduire celle-ci. L'artiste doit donc créer sa propre langue pour qu'elle sonne sur une même tonalité avec ses intuitions. Le but étant de créer la correspondance la plus fidèle possible. Et comme tout langage, une bonne maîtrise de celui-ci permettra une expression plus libre qui aura plus de chances de se rapprocher de l'intuition première. Il y a une exigence de dialogue réel entre le fond et la forme, pour que naisse une œuvre d'art qui réussisse le grand exploit de pouvoir dire ce qui, par essence, ne peut être dit. 

Mais au de-là de l'utilité sociale d'un art qui permet d'extérioriser des visions intérieures complexes, il faut également noter la volonté d'extériorisation qui découle directement de l'individu en lui-même et pour lui-même. 

Si la saisie intérieure et immédiate du réel apparaît comme plus complexe que son extériorisation à l'aide du langage ordinaire (raison pesante déjà suffisante pour tenter de tordre le langage en conséquence), il existe également d'autres niveaux d'intensité et de qualité d'intuition. Il est possible dans certains cas que l'intuition artistique, par son intensité et sa nature singulière, se rapproche beaucoup du sentiment sacré. Il y a quelque chose dans ces intuitions qui donne l'impression de toucher à quelque chose hors du monde (dépassant la perception du réel ordinaire), et surtout, qu'on ne voudrait trahir en aucun cas par son aspect des plus précieux. 


L'intérêt de l'art réside bien dans le fait qu'il est effectif là où le langage ordinaire est inopérant. Il existe donc dans la voie artistique une recherche possible qui est de la même importance que la recherche scientifique ou philosophique. L'art est un outil d'approche du réel en soi, possédant ses caractéristiques et ses mécanismes propres qui diffèrent des autres domaines de recherches. Cela au même titre que les mathématiques qui possèdent leur prisme de perception du réel qui diffère du mode perception de la philosophie. L'erreur étant de penser qu'il y aurait un domaine plus avancé qu'un autre, tous regardent finalement vers le même objet -la réalité globale- mais avec leurs propres angles de vue. 



" N'est il pas vrai que lorsque la vision s'élargit, l'expression se rétrécit ? " 
Al Nafari


http://www.poetica.fr/poeme-1446/charles-baudelaire-la-chambre-double/ Un poème de Baudelaire pour illustrer à quoi pourrait ressembler la forme d'une intuition proche du sentiment sacrée , à proprement parlé : Hors du monde. 


https://www.youtube.com/watch?gl=BE&v=JnylM1hI2jc Une vidéo de A.M Baggs, artiste autiste, qui éclaire la question du langage dans l'art de façon passionnante. (en anglais)


https://www.youtube.com/watch?v=UifLc8bhvX0 Sur l'idée en philosophie et le "Percept" dans l'art. 



Monnaie de singe (Anton. S)


De nombreuses personnes s'embourbent dans une somme de savoir "effarante". Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une capitalisation d'information. D'une monnaie de singe qui a court dans quelques milieux intellectuels. Mais que font-ils de tout cela ? De cette connaissance fictive, beaucoup plus facilement assimilable à un tas de boue, qui par essence n'a plus aucune utilité ? Avec quoi ces hommes mènent-ils leurs vie ? Avec ces même illusions qui leur servent à mener celles des autres ? 

Le masque de l'orgueil (Anton. S)


L'humilité! Dites-moi encore où se trouve celui qui la porte -de manière humble-? Non bien sur, on ne la trouve aujourd'hui que sous la forme de l'apparat. Et il faut comprendre, quel meilleur masque au vice sinon celui de la vertu? 

Elle est pour l'individu un voile adéquat à l'orgueil. Et encore une fois, il ne faut pas blâmer. C'est la morale qui blâme le "je"! Et voila que les hommes doivent se couvrir comme ils peuvent pour éviter le "blâme". 

Ainsi on trouve plusieurs genres d'individus dont les paroles pourraient avoir le ton de l'humilité. Un de ceux la fait preuve de la classique "fausse modestie". Astuce d'habilité médiocre consistant à refuser les louanges pour jouir d'une double reconnaissance quand il n'en mériterait qu'une: dans l'acte lui-même et dans l'hypocrite positionnement prit par rapport à celui-ci. 

Un deuxième genre obéit déjà à des lois plus subtiles échappant à une réaction morale. Il regroupe les individus qui sont frappés si fort par l'orgueil qu'ils ne peuvent qu'en devenir modeste. Et quoi ? Voyez donc! Jamais leurs faits et gestes ne semblent arriver à la hauteur démesurée de leur ego! Et les voilà de fait rentrés dans le dénigrement systématique de leurs actions, toujours trop basses à leurs gouts face au sommet de l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes.

L'humeur des rats (Anton. S)



L'humeur du Parisien est teinté de la couleur du ciel qui l'illumine: un beau gris généreux. Et quand il fuit sa chape de brume-de-plomb, c'est pour disparaitre dans les souterrains du métro. Ses idées prennent alors la teinte des gros rats qui courent à ses côtés dans les longs couloirs poussiéreux -un noir sans équivoque-. 

La morosité ambiante est telle dans les tunnels de la capitale que tout signe de joie prononcé en devient suspect. On se choquerait quasi moins à présent de quelqu'un assis mollement sur son strapontin - mouillant son costume de larmes- plutôt que d'un individu à la figure frappée d'un sourire béat. 

Et c'est pour dire, les signes extérieurs de bien-être relèveraient presque d'un état anormal dans un milieu où la norme tend de façon épidémique vers la morosité. Quand bien même serions-nous avertis, il ne serait pas surprenant de jeter des yeux le soupçon du vice sur les individus à l'allure bienheureuse, et qui plus est, d'être tenté de choisir à pensée haute entre les deux seules raisons possibles de leurs joies: 

"Celui-là qui sourit ici-bas, est-il fou ou bien se moque-t-il de moi? "

Langues de bois (Leborgne)



Le "paradoxe" d’une société qui demande à ses membres d’êtres des individus individualisés (distancié d'elle) n’est pas sans susciter certaines tensions psychiques et sociales. Une illustration pourrait être le reproche qu’on entend si souvent faire aux hommes politiques : la fameuse langue de bois. Un homme politique occupe une fonction, il a un rôle sur la scène publique qui ne lui appartient pas en propre en tant qu’il est, dans son rôle, au service d’un ensemble - à l’intérieur d’un parti ou d’un gouvernement par exemple - ; et pourtant, s’il s’en tient à ce rôle, à ce que demande sa fonction, s’il n’accompagne pas ses propos d’une note personnelle, le voilà immanquablement taxé de donner dans la langue de bois. En sorte qu’il doit toujours y aller de son avis personnel, de sa petite impression bien à lui - de préférence accompagnée d’un clin d’œil -, sans quoi le rôle n’est pas remplit jusqu’au bout et l’audience n’est pas satisfaite. Cette pression implicite aux accents voyeuristes voudrait in fine que nous soyons tous définis dans la sphère publique par ce que nous avons de plus personnel et privé, que nous avancions sans voile aucun : opinions, croyances, confidences, tout doit être déballé, exhibé aux yeux de tous. On se dirige ultimement en ce sens vers une négation pure et simple de la sphère privée (et donc de la sphère publique). Chez soi on s’amuse à inviter le monde entier à nous découvrir par le biais d’internet, et la sphère privée envahit la scène publique jusqu’à interférer avec les rôles et les fonctions. Amis philosophes aspirants, nous devons nous lever contre cette absurdité ! Nous devons la combattre et réhabiliter la sphère privée ! (oui je suis sur un blog, mais je vous emmerde alors ça va).

Il faut voir les causes du phénomène. Pourquoi la masse exige-t-elle que les dessous de chacun soient dévoilés, clairement exposés et définis ? Parce que la masse a peur d'elle-même ! Les individus vivent aujourd'hui avec la sensation que l'autre est essentiellement étranger et potentiellement dangereux, ce en quoi ils n'ont pas tout à fait tors (là où l'on se trompe c'est en pensant que l'étranger est dangereux, alors qu'en vérité le danger vient essentiellement du familier). Enfin, cela n'est pas sans provoquer une certaine crainte, une appréhension, et nous voilà suspectant le brave type qui s'en tient à ce qu'exige son rôle de ne s'y tenir que parce qu'il a quelque horreur à cacher par dessous, qu'elle soit de l'ordre de l'organisation qu'il représente ou pire, de l'individu qu'il est, et qui risque à tout instant nous gicler en pleine gueule. Il semble ne présenter qu'une façade et nous devinons le pire sous icelle. Mais n'est-ce pas, là-dessous, la projection de nos propre détritus et que faute de voir avec lucidité en nous, nous projetons en l'autre ? C'est une autre question.

La synergologie (Leborgne)


Le terme synergologie désigne l’étude de la « communication non-verbale ». Il fût inventé par Philippe Turchet en 1987. Le « synergologue » œuvre à établir une grille de lecture de la gestuelle humaine, il étudie les « micromouvements », les combinaisons de mouvements, les attitudes et postures dans leur ensemble. Elle se veut être une science reposant sur des observations systématiques, mais n’a pour le moment pas accédé à ce statut. D’après son principal postulat, tout geste est univoque, c’est-à-dire qu’il a une signification précise, il peut donc être interprété. Cela dit, les synergologues relativisent : un seul geste est insuffisant, il s’inscrit dans un ensemble de mouvements qui, additionnés et mis en relation, permettent de comprendre ce que traverse intérieurement l’individu. Ainsi, vous dira-t-on, un individu se grattant le nez avec insistance est en proie à un stress fort car il cache quelque chose - éventuellement, il est en train de mentir. Un autre postulat de la synergologie veut que les micro-démangeaisons que nous ressentons parfois (légère sensation de piqure sur la peau qui donne envie de se gratter) soient provoquées par le cerveau en réaction à des situations bien précises. On explique en formation : vous grattez le nez parce que votre ancêtre le reptile enfouissait son nez pour se cacher (un peu comme le chat met la tête derrière un rideau et pense être devenu invisible). Pour le synergologue, les gestes trouvent, chez tous les hommes, les mêmes raisons d’être et les mêmes significations, puisqu’ils héritent des mêmes ancêtres. La synergologie prétend donc à l’universalité.
Elle connaît un franc succès depuis son apparition. On la trouve largement répandue dans les milieux professionnels, notamment. C’est compréhensible : voulez-vous percer les secrets de vos interlocuteurs ? Détecter le mensonge, le malaise, lire à travers vos employés et ne plus dépendre de cet outil dépassé qu’est la parole ? Rejoignez nos formations, vous saurez tout et plus rien ne vous échappera ! Vous, lecteur et néophyte, quand vous passerez un entretien d’embauche, surtout ne vous grattez pas le nez… Car la plupart des recruteurs, négociateurs, des cadres sont formés à la synergologie. Les entreprises paient (très) cher leur formation dans ce domaine afin qu’ils apprennent cette technique révolutionnaire. Elle a réussi ce tour de force, de s’être imposée dans le monde de l’entreprise et d’être devenue indispensable en quelques années (juste ou erronée, si interprétation il y a, alors vous devez le savoir). Mais la synergologie s’adresse également à toute personne souhaitant améliorer sa « compréhension de l’autre »… On est en droit de se demander d’où vient un tel succès ? Pour ma part, entre autres, j’y trouve la trace d’une nette détérioration de la communication entre les individus dans nos sociétés, et un avatar de l'"expansion du domaine de la manipulation". Quel besoin aurait-on d’interpréter la gestuelle si le langage suffisait à communiquer ? L’on peut aussi y voir une forme de voyeurisme, ou encore le résultat d’une insécurité… Je vous laisse compléter la liste, là n’est pas l’intérêt de mon propos. Tout n’est pas non plus négatif dans les raisons qui poussent vers ces théories. Elle répondent à un besoin. Au reste, d’antan, marchands et négociants se réservaient les précieux secrets quant à ce que le corps veut dire.
Les effets et non les origines de sa diffusion m'interpellent – mieux, m’inquiètent. Un langage est en train de se former sous le langage, de plus en plus prégnant, détrônant l’expression orale puisqu’un autre présupposé transporté avec la synergologie, c’est l’honnêteté du corps. Qu’importe ce que vous dites, vos gestes sont l’expression pure, non consciente de ce que vous pensez (…). Ensuite, n’avoir pas connaissance des interprétations faîtes de ses gestes, voilà qui porte un sérieux préjudice au néophyte. La synergologie est une forme de domination très pernicieuse, elle ôte son dire à l’autre sans qu'il le sache. Votre parole, votre communication ne vous appartiennent plus face à un recruteur formé à interpréter vos gestes. Par ailleurs, la pratique de la synergologie est très normative (ne pas se gratter le nez, ne pas croiser les bras, maitriser les mouvements de pieds etc.) : elle provoque une rapide uniformisation des gestuelles. Et elle brouille la communication lorsque sa pratique n'est accompagnée d'aucun recul critique – et ce n’est certainement pas dans les formations proposées qu’on acquiert un tel recul ; on y vend l'idée que chaque geste dit une vérité - : les synergologues interprètant les gestes et s’adaptant en conséquence, l’interlocuteur néophyte n’y comprend rien s’il ne sait pas à quoi ils réagissent, l’incompréhension se creuse, c’est le quiproquo, la frustration. Mais le quiproquo classique, lui, peut être défait par la parole, quand le quiproquo synergologique, lui, est indémêlable puisque, la plupart du temps, le synergologue en herbe ne voudra pas vendre la mèche et perdre ce qu’il croit être un avantage. Pourquoi parler si le corps dit vrai ?
Voilà une citation affichée avec beaucoup de fierté sur un des principaux sites francophones en synergologie (http://blog.synergologie.org) : « Après tout, si nous pouvions vraiment comprendre 93% de ce que les gens disent sans recourir aux mots, il n’y aurait pas besoin d’apprendre les langues étrangères et personne ne s’en tirerait jamais avec un mensonge ». On voit bien l’esprit… Et le manque de réflexion ! Je ne me permettrai pas de juger de la validité des thèses en synergologie, n’ayant pas les ressources scientifiques pour les infirmer (du moins n’est-il pas ici nécessaire de se noyer dans de grandes ou petites considérations sur l’être humain). Mais il n’est pas non plus besoin d’être un puissant penseur pour comprendre que la synergologie ne peut pas se répandre sans s’autodétruire : quand on apprend que se gratter le nez signifie cacher quelque chose, quelle est la réaction au prochain picotement de nez face à un interlocuteur qui a autant de raisons que soi d'avoir appris cette théorie ? Apprendre ces théories implique la conscientisation des mouvements et l'adaption de la communication.
Vous l’aurez compris, je ne suis pas vraiment un fan de cette pratique. En vérité, je pense qu’il faut activement lutter contre elle, détruire ses présupposés et empêcher sa diffusion. Cette "discipline" est une fumisterie qui tourne mal, qui participe à la domination des plus faibles, à l'uniformisation dans le monde de l'entreprise et en dehors, à creuser les difficultés de communication... Bref, elle a des conséquences non négligeables.




De l'Escroquerie de l'Art contemporain (Anton. S)




La force et l’escroquerie de l’art contemporain résident dans son habileté à dire précisément « comment ? Vous ne me comprenez pas? Vous êtes incapable de trouver mon sens et vous me critiquez? Vous ne pouvez-vous en prendre qu’à votre petitesse ! »

L’art contemporain n’est souvent désigné comme tel uniquement parce qu’il se trouve dans un territoire précis: le musée ; et parce qu’il possède au mieux un concept sous jaccent. Sans ces deux conditions, il peut être admis légitimement tout au plus au rang de simple objet de curiosité. Pour ainsi dire il existe dans cet art une contradiction entre la prétention de sa démarche conceptuelle qui voudrait délivrer un message explicite sans ambiguïté, et sa réalité physique qui livre une opacité nette dans sa compréhension directe. Par là, les oeuvres en viennent tout simplement à ne plus se suffirent à elles-mêmes.

D'un autre coté l’erreur du spectateur face à l’art contemporain réside dans le fait de le rejeter immédiatement sous la cause de son manque de technicité. Une majeure partie de l’histoire des arts ne désigne l’art que sous cette condition et il est normal que l’on ait du mal à s’en détacher, même si cela n’excuse pas une absence d’approche plus personnelle. La -fausse- critique dominante vis-à-vis de ce courant prend donc cette forme : « Comment? Où est l’intérêt? J’aurais pu faire la même chose! »

Mais très bien mon cher ami! Mais commence donc par penser et faire.

Métaphilosophie du blog (Albert)

Qu'est-ce qu'un blog? Un journal intime que l'on expose sur internet pas écran tactile interposé?
Qu'est-ce qu'un blogueur? Quelqu'un qui pense avoir quelque chose à dire de suffisamment intéressant pour le partager? Je ne sais pas vu que je ne suis jamais allé sur aucun blog, et je m'en fout.
Je me fout de lire les impressions de Pierre ou Paul, les réactions en chaîne à une actualité téléguidée, je préfère encore lire de la littérature; c'est un choix, respectez le.

De même je me contrefout d'être lu, commenté par des internautes. L'internaute comme l'automobiliste sont des facettes de l'être humain que j'abhorre. Et moi même je n'y fait pas exception, derrière l'écran je deviens prétentieux, au volant j'insulte le connard qui me fait une queue de poisson. Certes il y a des initiatives plaisantes comme tout ce qui tourne autour du logiciel libre, de la gratuité du net. Mais n'importe comment à 29,99€ par mois, cette liberté et cette gratuité ont toujours quelque chose de galvaudé à mes yeux.

Je ne suis pas sur les résaux sociaux et je n'ai pas envie de me faire des amis sur le net, je préfère les contacts en chair et en os, je n'ai pas le temps de minauder sur la toile, en clair je suis d'une autre époque.

Alors pourquoi je publie des articles sur ce blog? Exclusivement pour maintenir un semblant de relation avec mon vieux pote Anton, au fond ce n'est qu'un prétexte.

Je méprise profondément toute sorte de techno-dépendance, à commencer chez moi, car charité bien ordonnée commence par soi même, une certaine dépendance à la radio en particulier. Mais hier j'ai éteint le poste, quand le président a dit qu'il fallait donner des cours sur le monde de l'entreprise à l'école dés le primaire s'en était trop. Le conservatisme qui me pousse à réagir assez violemment, exacerbé par les tentacules de plus en plus pénétrantes du monde et du langage de l'entrepris, entre parfois en contradiction avec l'usage que je fais moi même de ce vocabulaire technique au cours de mes activités professionnelles comme par exemple les expressions "au jour d'aujourd'hui", "entre guillemets", "précisément", "notamment", etc...

Notez qu'on est encore loin des consulting asset management.

Voici le genre de témoignages qu'on entend souvent dans les médias, la personne interrogée est une belle petite blonde de 17 ans: "Je veux faire une école de commerce, car je pense qu'avec la crise, ce serai le meilleur moyen de trouver un emploi stable et bien rémunéré."

Avouez modestement qu'avec cet état d'esprit a-poétique on est encore loin de la transition écologique.

Le capitalisme est criminogène et destructeur dans son mode de production, mais nous pauvres consomateurs on préfère fermer les yeux, si il y a une chose que j'essaye d'éclairer c'est cette hypocrisie générale, ce gavage généralisé.

Cette critique des valeurs de notre monde passe par la constitution analytique de stéréotype comme le sportif, le commercial, la féministe, le blaireau, etc... Mais une fois le concept constitué je le trouve toujours ingrat, même faux. Car derrière les stéréotypes il y a toujours l'humain, des milliers de petits détails humains comme sourire ou fumer une cigarette qui débordent ces concepts toujours trop réducteurs.

La réalité dépasse toute théorie, néanmoins j'estime qu'il y a un intérêt à développer ces concepts, ne serait-ce que pour avoir les deux versions des faits (celle du langage de l'entreprise qui recouvre tous les process et la mienne). C'est comme dire qu'elles sont toutes comme ça, ou qu'un bébé ça pue, c'est pas très sympa mais ça permet de contredire une vision angélique du monde, un surplus de bonheur et d'insouciance qui a toujours quelque chose de louche, comme ces gens très lisses qui entrent en furie à la moindre critique à cause d'un manque de mesure ou de partis pris bidons.

Une fois ces comportements stéréotypés identifiés on peut les appliquer au réel. Ceci nécessite une critique du jugement, et plus précisément de la proposition Il ne faut pas juger les gens.

Cette proposition signifie qu'il ne faut pas avoir de jugement arrêté, on doit la comprendre ainsi car au sens propre elle est absurde; juger est un acte nécessaire et suffisant. Si on ne jugeait pas nos semblables on se ferait bien trop souvent avoir, car l'humain, cet être aux mille visages peut être fourbe et inhumain.

Mécanique du jugement: je ne juge pas des personnes, mais des comportements, par la répétition de ces comportements je juge l'attitude globale de la personne, par l'attitude globale je juge la personne à une période de sa vie.

Mais parfois un simple coup d'oeil, un détail vestimentaire, ou une expression du visage permettent un jugement en procédure pénale accélérée. Ces procédures de comparution directe peuvent nous éviter bien des ennuis, mais seul le jugement étayé et soutenu dans le temps possède la fiabilité et l'objectivité d'un stéréotype, alors seulement on peut dire ce mec est vraiment un blaireau, jusqu'à preuve du contraire.

De la misogynie comme vexation (Anton. S)


Un jour je demandais à une de mes professeures de philosophie pourquoi la majorité des hommes - grands hommes y compris - avaient des tendances misogynes. Sa réponse fut simple et sans détour :

- « Mais parce que ce sont des hommes ! »

Une réponse sexiste qui sonnait comme une représaille bien méritée, et qui loin d’être dénuée de sens, appelait à s'attarder plus attentivement sur ses fondations souterraines.

Il existe chez les hommes une construction de l'identité virile qui se réalise à travers une pratique de la sexualité. Identité qui prend toute son importance quant au fait qu'elle influe directement autant sur le rapport à soi que sur le rapport aux autres. Les hommes s'identifient autant qu'ils sont identifiés en tant que tel en partie par le biais de leurs expériences sexuelles. Il faut rajouter à cela qu'ils subissent des assauts constants de pulsions sexuelles assez puissants pour qu'ils en viennent à tomber sous une double dépendance, autant naturelle que culturelle, quant à leur objet de désir - la femme -, et par là de subir du même coup une blessure à l'orgueil. Cela par le fait que l'identité virile, principe actif par excellence, tombe inévitablement dans une contradiction entre la nécessité de sa construction sexuelle active, et l'idée inacceptable pour elle de devoir dépendre de son objet de désir qu'elle ne voudrait que posséder.

La misogynie serait dans ce sens un aveu de faiblesse et une tentative d’autorégulation, ou plus précisément l’opposition d’une croyance à un désir inéluctable. Par la vexation causée par leurs penchants intarissables, les hommes se vengent donc par une considération diminuée de la nature de la femme. Ils voudraient transformer leurs désirs sexuels qui les réduisent en quasi-esclavage en une croyance de pseudo-supériorité sur elle. Par là ils tentent de reprendre un contrôle sur eux-mêmes qu’ils n’arrivent pas à obtenir, et n’arrivent finalement qu’à ne clamer une chose :

« Nous sommes trop faibles pour faire face à nous-mêmes, déplaçons donc le problème ailleurs, c’est-à-dire dans la nature même de la femme. Si nous ne pouvons rien faire face à nos pulsions sexuelles et leurs élans d'accomplissement, alors nous sommes à genoux devant la femme ainsi que devant nous-mêmes et cela est inacceptable pour notre dignité virile. Transformons-la en simple objet de plaisir, comme une simple chose que nous aimons à posséder en pleine volonté, mais jamais par nécessité. Par là, nous nous donnerons l’illusion de nous délivrer de notre asservissement envers elle. »

Le besoin d'une personne (Albert)

Une décennie de pets m'a décimé le cul. J'adore l'odeur du choux digèré et rendu.

La solitude impose une inertie de tous les instants. La compagnie permet l'oubli de soi et du temps, ou du moins leur mise en retrait. Au contraire, le solitaire est toujours face à un néant qu'il faut remplir d'activités; l'action étant encore le meilleur moyen de dompter ce vide dévorant. Entre deux activités il y a un gouffre de perplexité, de questionnements. Ce ne sont pas ces questions existentielles qui m'intéressent ici, mais les conditions matérielles et psychologique qui les autorise. Et toujours le besoin d'une personne à qui raconter quelque chose, un élément significatif, partageable de sa journée, et toujours ce besoin de partager une cigarette et un café.

AUTONOMIE ÉCONOMIQUE
DÉPENDANCE AFFECTIVE

Le besoin d'une personne c'est bien sur le besoin d'un groupe de personnes car à force de se frotter on s'irrite. L'herbe est toujours plus verte ailleurs. Mais au besoin d'une personne correspond aussi le besoin d'un lieu ou réside cette ou ces personnes. Ce lieu qu'on appelle "pays" ressemble aussi à d'autres lieux. Cette personne pourrait être remplacée par cette personne, pourtant elle est unique.

Comprendre ce que sont un col, et un plateau, visuellement, dans le paysage. Voir ce col de chemise de géant et ce grand plateau recouvert d'une nappe d'arbustes et de cailloux comme des lieux de vie ou de passage, ce fut pour moi une satisfaction. Le mont Fuji existe en face de chez moi, il s'appelle aussi le mont Ventoux, suite à un accident nucléaire peut-être qu'une vague géante venue du Rhône viendra compléter le tableau? Transhumance jusqu'à Lyon: ville romantique avec ses collines, sa géographie et son histoires. Lugdunum. Revoir les premiers néolithiques s'installer ici ou là sur la petite presqu'île... Au lieu de ça:

"On a pas le choix."
"Sauvez nos emplois."
"On a pas le choix."
"On a toujours habité là."
"On a pas le choix."
"Pour nos enfants notre crédit."
"On a pas le choix."
"Travail Famille Patrie."

Je devrais être un bon vivant poussé à l’extrême (Bernard) mais je suis mélancolique comme un slave. J'ai l'âme dépréciative et le cœur gros. Surtout le soir, quand je n'arrive pas à dormir. L'armure se lézarde. J'ai envie de dire je t'aime et je m'excuse. Objectivement je me trouve ignoble. Et pourtant je sais parfaitement que cette faiblesse de cœur n'est que passagère, mais récurrente; demain je redeviendrai dur comme un marbre, sûr de moi car la fierté ça aide. Mais quand on s'en dépouille (mais n'en est-on pas plutôt dépouillé par la nuit?) on a de nouveau quatorze ans.
Alors revient plus fort encore le besoin d'une personne, le besoin de la serrer contre soi, ce qu'on n'ose jamais faire en temps normal. Il faudrait profiter à fond de la personne regrettée comme si elle était déjà morte, au lieu de cela on se livre sans cesses à nos petits jeux pervers, à nos petites atrocités du quotidien.

Tout d'abord, une petite cabane dans les bois, quatre ou cinq hectares de terrain. Un fusil, des munitions, un couteau, des outils. Des chats. Une radio. Une personne du sexe opposé en âge de copuler, des amis et un paysage à contempler. Pour que le temps ne soit plus seulement l'oubli de sa fuite et la répétitions de facteurs aliénants et de jouissances expiatoires mais la dimension toujours régénératrice d'une existence sereine et autonome que ne viendrait plus mordiller les spectres morbides de l'isolement et l'angoisse réaliste à la folie d'une fin prochaine et d'une détérioration même des conditions de vie.

La question est alors la suivante. Si sacrifier sa vie pour une broutille au nom d'idées révolutionnaires n'est pas un comportement adéquat, comment exprimer la détermination totale à s'approprier son milieu et à continuer toutes les choses qui donnent en gros envie de vivre ici?

Contre le Ski (Albert)

Je n'ai rien contre l'activité en elle même mais contre le tourisme de masse auquel elle est associée. Et tout le monde est d'accord; du béton au milieu des alpages c'est pas top. Mais ce que les gens aiment c'est surtout la sensation de la glisse... Vitesse. Emotion. Plaisir.
C'est ce que je nomme le sensationnalisme du ski, une nouvelle idéologie de l'industrie du divertissement. 

Payer toujours payer pour exister socialement. Pour jouir enfin ne faire qu'un avec la nature. Une nature retrouvée comme vous vous retrouvez quand vous vous dépassez... Regardez-vous faire la queue au télésiège comme à l'usine, pauvres fous, que ne feriez vous pas pour vos méprisables sensations de liberté? Pour ces grands espaces dans un studio de 9m²...

Comment je suis devenu misogyne (Albert)

Avant de devenir particulièrement machiste j'étais seulement féministe et je vais brièvement dire pourquoi. J'étais et je reste féministe car j'ai du mal à supporter toute domination arbitraire, dans le cas présent qu'on rabaisse systématiquement un individu (une individu) en raison de son sexe, donc a priori, sans prendre en compte son individualité même. Dans la pratique j'aurai du mal à supporter un mari qui parle mal à se femme, qui la méprise ouvertement, etc... Si jamais ça arrive je laisse couler, après tout ce ne sont pas mes affaires, mais je ne reste pas indifférent, une soudaine envie de tuer m'envahit, une envie de remettre les choses à leur place, de remettre sur sa gueule tous les pains que peut foutre à sa femme ce paternel tout-puissant pour qu'il sente un peu ce que ça fait.

Bref, j'étais totalement dans la norme, dans le genre de conscience éthique qu'on peut s'attendre à trouver dans une sociale démocratie, et je le suis encore. Seulement il y a plus. Mon expérience personnelle m'ayant fait prendre conscience de l'existence d'une certaine domination féminine, j'ai compris que je devais donner au machisme toute sa positivité. Le machisme entendu ainsi ce ne serait plus la domination de l'homme sur la femme, mais la simple éthique du droit des hommes, une philosophie de la virilité qui ne soit pas forcément anti-femmes, tout comme la majorité des féministes ne sont pas anti-hommes, mais qui soit un avertissement contre ce qu'on peut appeler les archétypes de la domination féminine.

Ces archétypes sont par exemple, la crétinisation amoureuse, la mauvaise conscience hystérique, le masochisme féminin et la castration maternelle.

Mais loin de vouloir développer ici ces tares qui rendent le comportement féminin aussi peu appréciable que celui de son homologue masculin entrain de beugler "allez l'OM" dans une voiture de sport en écoutant de la mauvaise musique, je vais me contenter d’énumérer différents points qui m'ont fait passer de neutre voir favorable à misogyne. Et toujours je parle des comportements stéréotypés, je ne pense pas que tous les mecs soient des blaireaux ni que toutes les gonzesses soient des salopes, comme j'ai pourtant plaisir à le dire; ici je ne remet pas en cause des individus, mais au contraire l'homme ou la femme en général, cet être étrange auquel on doit tous ressembler sous peine d'inintelligibilité et de non-existence sociale.

Parce qu’elles ne disent jamais non, tellement compréhensives qu'on ne sait plus ce qu'elles pensent.

Parce qu’il faire le premier pas et les suivants.

Parce qu’elles aiment galérer et nous faire galérer.

Parce que les daleux trop en chien, les plans culs ça les dégoute.

Parce qu’elles croyaient qu'on étaient juste amis.

Parce qu’elles font tout pour nous faire bander et appellent ça de l'esthétique.

Parce qu’elles correspondent bien trop souvent aux chansons des bobos nourriture bio, guitare sèche.

Parce que j'ai vu le film Calmos récement.

Parceque le vie à deux est impossible.

Parce que "vous les mecs".

Je suis devenu misogyne.

On ne choisit pas ses enfants (Anton. S)



Le mécanisme de création reste généralement complètement incompris. Les artistes passent souvent à côté de la nature même de la source de leur art. Il faut voir par là que le choix conscient des idées n’existe quasiment pas, il y a une très grande part de la création qui est subie. Il s’agit bien de quelque chose qui survient spontanément. L'artiste pendant la création est confronté à quelque chose qui s’exprime à travers lui, il reçoit donc dans un premier temps et choisit par la suite ce qu'il estime être digne d'utilisation. Le travail de composition qui vient après se base avant tout sur ces premiers choix de tri, qui sont assemblés et mis en forme par la suite. Je me souviens d’un auteur français qui avait osé avouer ceci « quand j’écris, je ne sais pas où je vais aller. Je suis le premier lecteur de ma propre écriture et le premier surpris de ce qui sort ».

Analyse de l'esprit des jeux vidéos de type gestion, stratégie, RPG (Albert)

Le jeu de gestion consiste à gérer un empire virtuel ou une structure plus réduite comme un club de foot par exemple. Le plus souvent il s'agit tout simplement de la gestion économique de cette structure, il faut le préciser car cela pourrait être différent. En effet on peut imaginer un jeu de gestion des ressources humaines, et d'ailleurs je pense que la psychologisation de la vie dans le style magazine féminin chronique boulot vie de famille va favoriser le développement de ces jeux de gestion des ressources humaines, qui offre l'opportunité aux éditeurs de jeux vidéos de toucher un public plus large car plus féminin, l'exemple phare ici c'est les Sims bien sûr.
Mais même dans les Sims, il y a une gestion économique et ça on peut s'en rendre compte par la prise en compte d'une monnaie dans le jeu, que ce soit le dollar, ou la bonne vielle pièce d'or au fond c'est la même chose, le type de monnaie est adapté au contexte du jeu, à ce propos nous reviendrons plus loin sur le pourquoi du succès des univers moyenâgeux, d'où vient la pièce d'or justement.

1ere idée: L'utilisation dans les jeux de gestion d'une monnaie est très répandue, bien qu'il y ait également d'autre facteurs à gérer précisément que le facteur comptable.

On peut considérer le jeu de stratégie exactement du même point de vue que le jeu de gestion, en effet un jeu de stratégie c'est un jeu de gestion avec des phases d'action en plus, les phases de combat. L'analyse ici ne porte pas sur ces phases d'action, que nous mettons donc volontairement de côté mais sur les mécanismes de gestion au sens large.
Gestion de quoi? Gestion des ressources, gestion des armées pour les jeux de stratégie. Allons un peu plus loin dans cette analyse du gameplay typique d'un jeu de stratégie. Il se déploie sur une carte souvent appelée carte du monde car elle clôture l'univers du jeu. Sur cette carte il y a des ressources dont qu'on doit d'abord exploiter pour pouvoir commencer à se développer. Petite parenthèse, mais peut être que le mythe d'une croissance infinie dans un monde fini est réalisable ici, dans le jeu, bon...
Donc on extrait des ressources d'une prolixe nature pixelisée, mais dans un certain laps de temps. Il faut du temps pour que le minerai de fer aille de vos mines à vos ateliers ou il sera transformé en outils et en armes par vos forgerons. Donc on attend.

2ème idée: L'accumulation (des ressources) est le point de départ du jeu de gestion et elle se fait dans un certain temps.

Cette accumulation qui va devenir de manière exponentielle de plus en plus rapide, au fur et à mesure que le joueur réinvesti une partie de son budget virtuel dans l'outil de production, ce qui consiste en pratique à améliorer des bâtiments ou à débloquer des technologies.
On voit donc qu'il s'agit d'une logique capitaliste, voir même impérialiste quand le jeu propose une conquête du monde. Finalement il s'agit d'optimiser au maximum les rendements de certains processus, ce qui en soi peu développer l'esprit pratique, mais nous fait froid dans le dos quand on transpose cette logique même à la réalité économique, en clair on appelle ça des licenciments boursiers. Attention je ne suis pas entrain de dire que les joueurs ne savent pas faire la différence entre la réalité et le jeu vidéo. J'essaye simplement de décrire la logique des jeux de type gestion, stratégie et RPG, et de montrer en quoi elle coïncide avec la logique ou l'esprit économique pour ne pas dire économistique. Je laisse ensuite à chacun le soin tirer les conséquences qu'il veut du parallèle que j'essaye le plus modestement du monde de mettre en lumière. L'écrivain est tout puissant, sans doute suis-je guidé par quelques préjugés qui font que j'ai plaisir à faire cette analyse, ne serait-ce que pour aiguiser régulièrement notre esprit critique comme une lame qui n'a pas forcément vocation à tuer un buraliste de plusieurs coups de couteau au thorax et au dos.

3ème idée: la gestion dans les jeux vidéos nous rappelle étrangement un certain modèle économique classique du capitalisme de papa que je nommerai impérialisme napoléonien séquencé.

Cependant, nuance, une prise en compte du bonheur ou de l'ordre public existe dans les jeux de stratégie les plus récents, il n'est parfois plus possible d'envoyer des milliers d'hommes à la boucherie car votre territoire est trop précarisé, mais là encore c'est un motif gestionnaire et non moral qui pousse à s'occuper du bon peuple, machiavélisme de bon aloi, absurde mise en statistiques du bonheur, ce concept trop vague. Alors oui si il faut en arriver là découvrons nous, allons faire un terrible tir de barrage suivi d'une petite charge de cavalerie sur ce champ de bataille qu'est la morale. Est-ce que c'est moral de tuer des centaines de personnes dans des jeux, de se comporter comme un dictateur? Je ne sais pas, peut être que ça défoule. Mais peut être aussi que ce n'est pas ça le plus important. Car comme je l'écrivais tout à l'heure je pense que le joueur sait faire une distinction morale ou même simplement objective entre le tout et l'écran. D'ailleurs ces questions morales nous gènent, en tant que joueur ce n'est pas là le plaisir recherché. On préfère souvent s'amuser à faire des choses impossibles en vrai et souvent illicites comme tuer principalement que des bonnes actions. En effet quelle gratitude attendre d'un script?

4ème idée: Je remarque qu'en plus du modèle économique typique du jeu de gestion, le jeu de stratégie propose un modèle politique et diplomatique, c'est peut être une de ses particularités. Cependant le temps de jeu consacré aux phases ouvertement politiques et diplomatiques est quand même infime par rapport au cœur du jeu qui est en gros le poste de ministre du budget.

Le RPG répond lui aussi parfaitement au critère de la présence ou nom d'un système monétaire en son sein. Seulement la façon d'obtenir de l'argent et des ressources est différente. La monnaie et les ressources, qui sont dans ce genre de jeu des items, sont obtenues en majorité par des combats victorieux contre des ennemis qui apparaissent aléatoirement sur la carte et dans les donjons. Ce n'est plus seulement la nature qui est donatrice de bienfaits, c'est l'univers du jeu lui même avec ses coffres qui contiennent de l'or et qu'on laisse sans surveillance un peu partout, ces auberges ou il y a toujours quelque chose à voler.

5ème idée: Si jamais le jeu de gestion/stratégie répond à une logique de grand patron de la belle époque alors le Role Playing Game répond plus directement à l'état d'esprit du receleur brocanteur verreux, héroïsme à part.

En disant celà je laisse les phases d'action de côté, et je rappelle ici d'ailleurs la présence de ces phases de combat dans les RPG, plus ou moins actives plus ou moins tactiques, et qui font il me semble tout l'intérêt du genre.
N'importe comment il y a une différence d'échelle entre la gestion d'un empire quel qu'il soit et la gestion d'un personnage et de ses quelques compagnons. Mais dans tous les jeux étudiés ici il s'agit toujours de faire augmenter son potentiel d'action, de combat (son skill) par des moyens économiques; exploitations de ressources naturelles d'une part, gain et revente d'items de l'autre.

6ème idée: l'activité ludique de gestion économique permet dans le jeu le développement d'une activité ludique civile (jeux de construction) mais aussi très souvent belliqueuse, notamment dans la grande majorité des RPG.

C'est d'ailleurs dans les RPG que la différence est la plus flagrante entre les phases d'action, qui sont quand même les plus nombreuse dans ce style, et les phases chez le marchand. Mais finalement qu'est-ce qu'on a fait sinon des allez-et-retours chez le marchand auquel on vend notre butin, mais auquel on achète aussi certains items rares ou utiles de toute façon ces mots sont presque synonymies ici, tout à fait corrélés à la loi de l'offre et de la demande, comme de du.
Cette lubie d'avoir les meilleurs items, de trouver tous les items et finalement c'est l'item nouveau qui nous plaît comme un pantin sur ressort qui sortirai d'une boîte et amuserai un instant notre conscience inquiète de gros bébé rassuré.

7ème idée: Que ce soit dans un jeu de gestion, dans un jeu de stratégie ou dans un RPG finalement qu'est-ce qui nous plaît le plus, les phases d'action ou les phases de gestion? Les deux a coup sûr, ou peut être une troisième plus fugace, la phase de découverte, découverte d'un nouvel item, de ses caractéristiques de son image même, ou encore découverte d'un nouveau bâtiment d'une nouvelle unité d'une nouvelle capacité.

Il s'agit de faire le tour du jeu, tour de découverte pour les joueurs lambda, tour complet pour les plus acharnés, jeu fini à 100%. Entre temps les phases d'actions peuvent devenir répétitive, car justement dans les trois types de jeu étudiés l'action sollicite assez peu les réflexes voir très peu. Alors seules restent les phases de gestion pour nous occuper, ce plaisir qu'on a à cacher quelques noisettes dans le tronc d'un arbre, observateur inquiets du développement virtuel de nos calmes aventures prévisibles, contemplateur béats de nos avoirs dans cet autre monde.

8ème idée: un RPG ou un jeu de gestion, nous mène de découverte et de découverte et nous tient en haleine par son scénario, ses missions, ses donjons. L'action nous y déçoit plus souvent que la gestion fidèle à elle même à sa rigueur comptable alors que vers la fin du jeu l'action peut avoir moins d'attraits, le potentiel d'action ayant été maximisé par les actions économiques au sein du jeu (et par l'expérience également, autre ressort majeur), il rend toute confrontation avec des ennemis tellement plus faibles moins ludique voir ennuyeuse. Finalement ce qui était ludique c'était la voie, le chemin pour y arriver, galérer contre des crapauds pourris, ne pas avoir assez de monnaie pour accéder à mieux.

Et dans cette ascension vers la domination recherchée le comportement économe et travailleur est la condition. Pas étonnant que certaines personnes fassent du jeu vidéo un marché, un commerce, un métier ou plus prosaïquement une passion. Conversion des monnaies entre le bon vieux dollar us et la pièce d'or ou autres gils.

9ème: Toujours essayer de profiter du jeu, de ses bugs, pour le pervertir, le saturer le surclasser le rincer, le finir à la bien. L'esprit opportuniste se retrouve un peu partout dans le monde gringo.

Mais sentant ce texte se découdre car il pourrait déjà être fini, je vais maintenant aborder le dernier point que j'ai déja annoncé plus haut à savoir l'attrait pour un univers moyenâgeux qu'on pourrait qualifier d'héroïque fantaisiste pour faire rugir les puristes. On opposera à ce type d'univers un autre type courant sur la toile, l'univers dit futuriste technologique: Mars, 2160 après Jésus Christ.
Pour moi cet univers paysan un peu punk comme il en existe dans les Vosges ou ailleurs reflète un désir de retour à la nature. Ou encore l'envie d’interagir avec un environnement de plus en plus vaste, de plus en plus précis, de plus en plus libérateur. Au contraire je pense qu'un univers techno-futuriste apporte une touche beaucoup plus positive à la technologie, à l’ordinateur, au support même du jeu. Cependant ces considérations esthétiques sont secondaires pour les vrais gamers qui recherchent avant tout le plaisir du jeu, d'un bon jeu bien complet régulièrement mis à jour.

10ème idée: L'envie d'aller couper du bois dans un jeu vidéo. Faire son jardin dans la nasse. Dans son salon. Dans sa chambre.

Remarque: l'esthétique des jeux de gestion/stratégie répond souvent à un modèle historique ou pseudo-historique, dans ces cas là l'esthétique est totalement logique quand c'est bien fait.

De la problématique du couple. (Anton. S)

Il s’agit là d’une évidence qui n’est pas toujours pointée : la source de toute satisfaction et de toute frustration provient du désir. Il ne faut donc pas s’étonner que les relations humaines les plus compliquées aient parfois lieu au sein des couples. Il n’y a une force de désir considérable déployé que l’on ne retrouve quasiment pas ailleurs. À tel point que la quantité de désir, et donc d’attente envers l'autre, ne pourrait être comblée dans son ensemble. On en vient donc a de possibles et multiples situations conflictuelles.

Eloge de la résignation (Albert)


Dans le grande tradition des auteurs romains voici un éloge de la résignation que j'ai écrit il y a quelques années, on est tout autant dans la rhétorique que dans la philosophie, mais après tout n'est on pas là pour faire éclater ces catégories toujours trop restrictives?

Lorsque nous entreprenons de mener quelque projet à terme selon un plan fixé par nous même, il arrive fréquemment que des évènements inattendus viennent perturber la réalisation de ce plan.Si ces éléments perturbateurs sont assez importants pour qu'il nous semble que notre projet soit en fait beaucoup plus dur à réaliser que nous ne l'imaginions, nous sommes pris par le découragement.Nous préférons alors abandonner notre projet, et renoncer à ses bénéfices plutôt que de subir encore et encore de nouvelles épreuves qui, nous semble-t-il, nous serons plus coûteuses que les bénéfices escomptés.

Il est des personnes qui se découragent si facilement, qu'ils n'entreprennent plus rien, de peur de rencontrer le moindre obstacle, la moindre contrariété. Ceux là sont des tristes sires, dont la vie se réduit à des actions habituelles qui pourraient tout aussi bien être effectuées par un automate.Car, en effet, l'adaptation à des situations changeantes, la résolution de problèmes sur le tas, telle est la caractéristique de l'homme habile et débrouillard, de l'aventurier qui, pour échapper à l'ennui est prêt à se lancer dans les entreprises les plus risquées, les plus difficiles, les plus palpitantes.Le sage, n'est ni l'homme du découragement, ni l'homme de l'aventure. Lorsqu'il entreprend d'accomplir quelque chose, il le fait sans précipitation, et en connaissance de cause. Il a parfaitement conscience que cette entreprise peut échouer et il est tout à fait résigné à cette possibilité.

 L'homme qui s'acharnerait contre vents et marée, à poursuivre un projet irréalisable, qui y perdrait toutes ses forces et même la vie, est un héros digne de la plus grande curiosité et un fou. Le joueur qui perdrai toutes ses économies aux jeux du hasard et continuerai à jouer est un adorateur du destin dénué de toute liberté.

 Ainsi, qui sait arrêter à temps, qui sait sauter du wagon en marche avant que la vitesse ne soit trop élevée pour espérer ainsi s'extraire du train sans tomber trop mal, celui là fait preuve de sagesse. La résignation quotidienne, généralisée à l'égard de tous les phénomènes possibles de la vie est l'aliénation la plus haute à laquelle l'homme puisse parvenir, et elle n'est que la forme négative du fatalisme, alors que l'espoir sans limites du joueur en est la forme positive. Mais la résignation ponctuelle, le fait de renoncer à une solution déterminée parce que les données du problème ont changé, cela est chose fort utile dont seuls les esprits les plus bornés diront qu'elle est une forme de déni de soi.

 Le véritable déni de soi c'est de ne pas reconnaître que l'homme peut s'égarer sur des routes qui ne mènent nulle part. Et à ce moment là, c'est encore un progrès que de faire marche arrière.

La résignation est un suicide quotidien. [Honoré de Balzac]

Je fais des voeux pour eux [mes bienfaiteurs], moi qui ne prie jamais Dieu, et qui me contente de la résignation. [Voltaire, Correspondance]

Gardez-vous bien d'attaquer le caractère d'Iphigénie [dans Racine] ; sa résignation est un enthousiasme de quelques heures. [Diderot, Lettres à Sophie Voland]

La première loi de la résignation nous vient de la nature. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

L'innocence inspire facilement la résignation. [Genlis, Veillées du château t. I, p. 366, dans POUGENS]

La pure et entière résignation de soi-même, pour obtenir la liberté du coeur. [Corneille, Lexique, éd. Marty-Laveaux]

Aphorisme, conscience et sentiments (Albert)

Comme nous semblons être plusieurs à s'intéresser à la relation entre pensée et émotions je publie un court texte de derrière les fagots pour lancer le débat:

La prise de conscience, une rupture, c'est quand la pensée stope.
Eloge de l'inconscience, de la divagation, de la pensée legère et fluide.
La raison à côté apparaît lourde et mécanique comme une grosse charette.
La pensée claire et distincte c'est le refuge des ignorants.

Ego d’artiste (Anton. S)



« Laisser une trace sur le monde » A chaque fois que j’entends cette phrase je pense à de la merde. Une grosse trace de frein comme on dit. Cela étant dit, tout acte de création se détache difficilement de cette idée - laisser sa trace-.

Le tagueur symbolise bien ce besoin. En le faisant parfois vulgairement d’une simple signature ressemblant à un gribouillis il ramasse les critiques des « admirateurs du véritable art avec un grand A ». Mais quoi ? Ne leur rappelle-t-il donc pas à tous ces « artistes » que leur quête se ramène précisément à ça : un simple gribouillis sur un mur marqué d’identité et qui, quelle que soit la qualité de l’encre, finira par disparaître ?

Le nom de l’ennui (Anton. S)



L’ennui ne provient décidément pas d’un manque de motivation. J’entends les adorateurs du travail siffler « L’ennui n’existe pas pour celui qui aime le travail, l’ennui est le produit de la fainéantise ». Et au siffleur il faut poser une voix froide : L’ennui est une contrainte qui naît des esprits pleins de désir. Ce n’est effectivement pas une absence d’envie, c’est même précisément tout le contraire ! Il s’agit clairement de désir tournant à vide, d’un désir en action sans objet. Il y a donc une énergie orpheline qui dit précisément comme l’enfant « je ne sais pas quoi faire » et à quoi il faut rajouter la suite implicite « mais j’ai très envie de faire ».

Sur le sol glissant de paris (Anton. S)


Sur le sol glissant de Paris, capitale de la glorification du travail, on a vite fait de trébucher sur un sentiment de haine envers son prochain. La nécessité de devoir s’entasser dans des transports en commun proches du débordement, dans une course contre la montre la journée entière, engendre une idée de la cohésion sociale douteuse. Dans un milieu où il n’y a littéralement ni le temps ni l’espace, la lenteur est devenue insupportable et les individus qui ne suivent pas la cadence folle sont considérés comme des encombrants.

Cette idée m’a été confirmée par une discussion tenue avec deux parisiens à propos des suicides sur les voies de métro. En parfait acteur fonctionnel de la société ils ne comprenaient pas que l’on puisse commettre de tels actes.
Un premier parisien me dit donc : « Un jour j’ai assisté à un suicide sur la voie, l’homme a sauté devant mes yeux, un de ses bras est venu s’écraser à mes pieds. J’étais couvert de sang, c’est dire la honte que j'ai ressentie en revenant chez moi ! Les gens me prenaient pour un meurtrier ! »

Un deuxième répondit « Surtout qu’ils pourraient aller se suicider ailleurs, ce n’est pas comme s'il n’y avait qu’une seule façon de se tuer ! Ils retardent les trains et nous empêchent d’aller travailler ! »

En effet, il y a des suicides plus intimistes et moins douloureux qu’un saut sous un wagon de métro. Ce qui laisse la liberté de déceler un certain message dans le geste non dénué de sens. Un individu qui en vient à se sentir inutile dans une société où la productivité est la plus haute des valeurs ne peut se voir que comme un obstacle qu’il faut faire disparaître. Voilà donc la belle idée de notre société moderne qui prend acte sous un métro, symbole de la frénésie des travailleurs parisiens.